On l’a vu dans notre dossier : la préparation physique est un must pour les sports collectifs. Le rugby n’échappe pas à cette règle. Frédéric Renotte, professeur en physiologie de l'effort à la Haute École Condorcet et doctorant à l'Université en psychologie du sport à Mons (Belgique), nous explique pourquoi et nous détaille les particularités d’une bonne préparation physique pour les rugbymen.
Les particularités de la préparation physique des rugbymen
D’un point de vue physique, le rugby est un sport quelque peu atypique si on le compare aux autres disciplines collectives. D’abord parce que les temps morts y sont plus nombreux. Mais aussi parce que c'est un sport où les gros gabarits sont particulièrement appréciés, même au plus haut niveau.
« Quel que soit le niveau, chez les jeunes ou en Coupe du Monde, il y a toujours 4 ou 5 monstres physiques par équipe. Des joueurs qui pèsent parfois 120-130 kilos, savant mélange de graisse et de muscles, explique Frédéric Renotte. Ce sont les piliers de ce sport, des garçons sur lesquels, comme leur nom l'indique, leurs équipiers peuvent se reposer. Ces gars-là, ou ces “gras-là”, il faut leur proposer un entraînement différencié parce qu'on ne peut pas leur faire perdre trop de kilos. Ils en ont besoin pour exceller dans leur domaine. Il faut aussi faire attention à renforcer leur chaîne musculaire, leurs épaules notamment, parce que les contacts sont nombreux et parfois violents, toujours au-dessus de la ceinture. »
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Rugby : le casse-tête du préparateur physique
Pour ce faire, il est primordial de travailler le gainage, mais aussi de soigner les chutes, comme au judo. Chaque année, de trop nombreux rugbymen se retrouvent tétraplégiques : il faut donc essayer de mettre en place tout un arsenal de procédés de défense afin d'éviter ce genre d’incident.
Pour un préparateur physique, commence alors un véritable casse-tête. Entre un pilier, lourd qu'il faut si possible essayer de rendre... pas trop lent, et un ailier qui doit être vif et agile, il est important de doser intelligemment les efforts préparatoires, tout en tentant de préserver cet esprit d'équipe particulièrement important dans les valeurs de l'ovalie.
“Le poids du pilier est un atout dont il doit profiter”
« En effet, là est toute la difficulté de ce sport exigeant physiquement mais où les valeurs d'entraide, de respect des autres sont sans doute encore plus primordiales qu'ailleurs. Comme partout, il faut travailler d'abord le fond pendant deux semaines, mais avec de grosses disparités selon les postes. La spécificité de la place des ailiers n'a rien à voir avec celle des piliers. C'est totalement différent. Le pilier est beaucoup moins mobile, il a donc une force statique. Il doit aussi avoir du fond, bien sûr, mais à son niveau. Son poids est une qualité physique, il doit être un atout dont il doit profiter. Inutile d'essayer de lui faire perdre vingt kilos, cela l'affaiblirait dans son rôle spécifique. Deuxièmement, il faut lui faire travailler la puissance, la force. C'est pour cela qu'on voit parfois les remplaçants faire du vélo au lieu de courir le long du terrain comme un footballeur. L'équation de la puissance est simple : c'est la force fois la vitesse. Le pilier, il porte bien son nom. C'est le pilier de l'équipe, comme au basket. Il doit donc travailler à la fois la force statique et la force en mouvement. On ne va pas lui demander de piquer un sprint. Il faut travailler la vitesse, mais il faut savoir que c'est une qualité physique naturelle. Si tu es lent à la base, tu mourras lent. Si tu es né rapide, tu mourras rapide. »
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Travailler la vitesse grâce aux intervalles
Comment, dès lors travailler efficacement la puissance, importante dans les duels, les contacts, les mêlées ?
« Il y a beaucoup de manière pour y parvenir, poursuit Frédéric Renotte. En tirant et en poussant des pneus par exemple, mais aussi à l’aide de machines qui ont été spécialement créées pour ce sport. Le travail dans des couloirs de sable, où les appuis sont moins bons, ou avec des poids et haltères peut également être intéressant dans cette optique. »
Pour travailler ces aspects avec précision, il faut savoir combien de watts on pousse, essayer de faire progresser cette donnée en renforçant aussi l'assise au sol.
Pour les joueurs plus frêles et plus rapides, on insistera sur le travail des intervalles. Car on parle généralement de joueurs qui font la différence via leur vitesse de course, leurs accélérations, leurs changements de direction en mouvement, leur capacité à déstabiliser les défenseurs adverses.
Enfin, la préparation physique en rugby doit aussi prévoir un travail musculaire spécifique pour les joueurs appelés à jouer régulièrement au pied. On pense notamment aux demis d'ouverture, aux arrières, et surtout aux joueurs chargés du tir des pénalités et de la transformation des essais.
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